Henry Morton STANLEY
John Rowlands Stanley
Né en 1841 dans une famille du Pays de Galles, John Rowlands Stanley s'embarque à 14 ans comme mousse pour l'Amérique. Il est adopté par un commerçant de la Nouvelle-Orléans dont il prend le nom. Pendant la guerre de Sécession, il se bat pour le Sud puis pour le Nord finalement il opte pour la neutralité et devient journaliste
Au cours d'un reportage en Abyssinie, il assiste en 1868 à une victoire des Anglais sur le roi local. Il en informe son journal avant tous ses confrères après avoir soudoyé le télégraphiste de Suez. Ce succès lui vaut d'être embauché par le New York Herald Tribune. Journal qui l'envoie peu après sur les traces de David Livingstone, dont on est sans nouvelles depuis trois ans
Parti de Zanzibar, sur la côte de l'océan Indien, Stanley retrouve Livingstone après une marche de 3500 Km et 411 jours ! L'aventurier sans scrupule est bouleversé, un temps, par la rencontre du pieux missionnaire.
Le caporal
confédéré
H.M.Stanley
Avec lui, il explore pendant cinq mois les rives du lac Tanganyika avant de regagner Londres et d'y cueillir la récompense de son succès. Livingstone, lui, reste en Afrique et meurt peu après épuisé par une dysenterie.
Stanley devient célèbre dans le monde entier avec la publication en 1872 de son livre "Comment j'ai retrouvé Livingstone" .
Gagné par le virus de l'exploration, il repart en 1874 de Zanzibar pour l'embouchure du Congo avec une impressionnante caravane de 359 hommes, trois Européens et 356 askaris, les soldats locaux.
Dans ses bagages, l’expédition emporte même un bateau en pièces détachées, le Lady Alice (une éphémère fiancée qui n'attendra pas le retour de son explorateur).
Stanley se dirige vers les lacs Victoria, Albert et Edouard, découvre le mont Ruwenzori, contourne les « Stanley Falls », jusqu'à ce qu'en 1876 il entreprenne la descente du fleuve Congo, sur 2000 Km jusqu'à son embouchure à Boma.
C’est le triomphe d'une volonté brutale. Stanley se vante d'avoir livré sur son passage trente-deux "batailles". Il brûle des villages entiers, décime les "têtes laineuses" qui font obstacles à sa progression, comme il dynamite les monts de Crystal, verrou de l'embouchure.
C'est à bout de forces, après 999 jours d'un périple qui lui valut le surnom de "Boula Matari" ("briseur de roches") que Stanley touche au but.
Le 9 août 1877, quand il parvient à Boma, où de gigantesques chutes barrent l’embouchure du Congo, l'expédition ne compte plus que 241 hommes, il est le seul Européen survivant.

L'écho de cette marche forcée résonne dans le cœur de l'Afrique. Il annonce la fin de l'époque où la forêt équatoriale était interdite à l'homme blanc et la "course au clocher" qui, dès lors, s'engage sur les rives du Congo.
En revanche, pour les blancs la réussite est totale. Sur une carte d'Afrique centrale, Stanley peut, pour la première fois, tracer à la main l'ensemble du cours du grand fleuve. Il a accumulé d'innombrables informations sur les fleuves et les lacs africains et démontré en particulier l'absence de relation entre le Nil, grand fleuve du nord du continent, et les fleuves du sud. Il confirme les observations de John Speke, le Nil blanc prend effectivement sa source dans le gigantesque lac Victoria.
Une hérésie pour les géographes, mais qui conforte l’opinion prévalant en Angleterre. Les sources du Nil ont été découvertes par un Anglais, et peste soit de ces misérables rivières telle la Kagera qui alimente le grand lac. Speke, victime d’un accident de chasse, n’apprendra jamais l’heureux dénouement de ce qui fut longtemps "la grande question" de l’Afrique Orientale.
"Si tu le laches, je tire."
Une bien triste péripétie que Stanley relate fièrement dans son livre : "How I found Livingstone".
Ses missions, en 1876 et en 1877, suscitent une compétition acharnée avec d'autres explorateurs, dont le plus connu est Pierre Savorgnan de Brazza. Entre 1875 et 1880, celui-ci s’engouffre dans les espaces non reconnus par Stanley dans le bassin de l'Oubangui pour y planter le drapeau tricolore. A la grande fureur de Stanley et de son financier, Leopold II, la rive ouest du Congo, devient française.

La Grande-Bretagne n'octroyant plus à Stanley l'aide nécessaire à ses expéditions, ce dernier décida de se mettre au service de "l'Association internationale pour l'exploration et civilisation de l'Afrique centrale", fondée par Léopold II et financée sur sa cassette personnelle. Pour le compte du roi des Belges, Stanley est chargé d'établir des postes permanents à l'intérieur du bassin du Congo, de soumettre les immenses territoires qui ont été offerts à titre personnel au roi des Belges au Congrès de Berlin.
Stanley ouvre ainsi une ère nouvelle de l'exploration, totalement inféodée à des intérêts économiques coloniaux.
Accompagné de mercenaires européens et de supplétifs africains, Stanley remonte cette fois le fleuve Congo depuis son embouchure. A la tête de cette puissante "ambassade", il obtient sans trop de difficulté la soumission des chefs locaux.
En 1889, Avant de prendre sa retraite, il part encore au secours de Mehmet Emin Pacha et de ses 2000 hommes, assiégés par les troupes du mahdi. Emin Pacha, gouverneur de la province du haut Nil, est un aventurier allemand parti explorer la région des lacs africains qui c’est converti à l'islam. A la tête d’un contingent, Stanley vole à son secours. Trois raisons à cet acte : Venger la prise de Khartoum par les Mahdistes, libérer Emin Pacha et ses hommes et mettre la main sur son trésor supposé. Après trois mois d’une marche harassante, le but est atteint. La déception est grande quand les 75 tonnes d’ivoire attendues s’avèrent être au plus une soixantaine de défenses. Stanley doit protéger Emin Pacha de la fureur de ses troupes, et lui impose de le suivre à Zanzibar.
Emin Pacha, de son vrai nom Eduard Schnitzer reprend ses explorations en Afrique équatoriale pour le compte de l’Allemagne. Il sera massacré par les marchands d’esclaves à Kanega au Congo en 1892.
Emin Pacha
Eduard Schnitzer
1840 - 1892
Rentré à Londres, Stanley reprend la nationalité britannique. Il est élu à la Chambre des Communes et anobli.
Sir Henry Morton Stanley meurt en 1904.

Après 1890, toute exploration s’accompagne d’une prise en main militaire et économique. Le dépeçage, la course aux territoires, sont lancés et les opérations de cartographies qui suivent vont définitivement bouleverser un continent et des populations qui n’en demandaient pas tant.
Quant à Stanley, sa popularité semble intacte, plus d'un siècle après sa mort.

La preuve :

Merci Nintendo !

Les expéditions de Sir Henry Morton Stanley
En revanche sur place, en RDC, le mythe a du plomb dans l'aile...
(statue de Stanley à Kinshasa)